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Chancre du Châtaignier

Le chancre du châtaignier est causé par le champignon Cryphonectria parasitica, originaire d'Asie. La maladie touche principalement le châtaignier, et plus rarement le chêne. Après son introduction aux États-Unis, la maladie a quasi amené le châtaignier américain (Castanea dentata) à son extinction. La première détection sur le sol européen a été effectuée en Italie en 1938. Le champignon est présent aujourd'hui dans de nombreux pays européens et la maladie a été détectée en Belgique en 2014. Bien que moins sensible, le châtaignier européen (Castanea sativa) reste toutefois menacé.

Biologie

Cryphonectria parasitica est un champignon ascomycète. Lors de la reproduction sexuée, les spores alors appelées ascospores sont produites dans des sacs appelés asques. Les ascospores sont projetées, à maturité, à l'extérieur par ouverture de l'asque et sont disséminées par le vent sur des distances allant de 500 à 1000 m. Lors de la reproduction asexuée, les spores alors appelées conidies sont libérées dans une substance gélatineuse qui les protège de la dessication. Lorsque les conditions climatiques sont favorables (humidité élevée en particulier), les conidies arrivées à maturité sont disséminées en grande partie par la pluie mais aussi par les insectes ou les oiseaux. La dissémination par le vent est beaucoup moins efficace que pour les ascospores.

Les fructifications rouges ou orangées du champignon peuvent s'observer sur l'écorce. L'infection se produit à la faveur de blessures de l'écorce, naturelles (micro-fissures à l'insertion des branches) ou artificielles sur des arbres de tous âges, dans les parcs, les forêts et les pépinières. Un mycélium de teinte beige caractéristique se développe entre le bois et l'écorce, formant souvent des palmettes en éventail.

Le champignon commence à se développer dans le phloème, puis atteint le cambium. L'infection génère un chancre.

Le champignon est capable de survivre dans du bois mort non-écorcé durant plusieurs mois. Le commerce de plants et de matériels infectés (piquets non écorcés, écorces décoratives...) constitue une voie de transmission non négligeable à grande distance.

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Cycle de reproduction et de dispersion de Cryphonectria parasitica. Extrait de RIGLING, D. ; SCHÜTZ-BRYNER, S. ; HEINIGER, U. ; PROSPERO, S. : Le chancre de l'écorce du châtaignier. Symptômes, biologie et mesures pour le combattre. Not. Prat. 54 : 8p.

Symptômes de la maladie

Le chancre du châtaignier est un champignon cortical, c'est-à-dire qu'il provoque une maladie de l'écorce.

Les premiers symptômes sont une légère dépression de l'écorce, parfois accompagnée d'un léger suintement foncé (photo A). Cette zone s'agrandit et se fissure pour former une plaie chancreuse (photo B). Sur les jeunes brins, le chancre peut former une plaque brun orangé (photo C). Des fructifications sous forme de pustules orange peuvent se développer sur l'écorce à ces différents stades d'évolution des plaies chancreuses (photos D et E). En réaction à l'infection, l'arbre peut former des gourmands en dessous du chancre, mais également sur le chancre (photo F). Lorsque le champignon ceinture le tronc, les jeunes gourmands flétrissent, les feuilles sèchent, brunissent et s'enroulent sur elles-mêmes en restant attachées à l'arbre pendant l'hiver (photo G).

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Le chancre peut également se développer sur les branches. Il faut donc être également attentif aux branches élaguées ou tombées au sol (photo H).

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Chancre à la base d'une branche élaguée.

Le chancre du châtaignier peut provoquer un dépérissement important allant jusqu'à la mort de l'arbre infecté. Il existe toutefois des souches hypovirulentes (voir « lutte biologique ») qui bloquent le développement de la maladie. On parle parfois de « chancre guéri » Mais une plaie chancreuse dépréciant la qualité du bois est cependant bien présente.

Ce champignon peut également se développer sur les chênes indigènes belges et préférentiellement le chêne sessile (Quercus petraea). Toutefois, l'infection des chênes ne se rencontre que très rarement dans des peuplements avec des châtaigniers fortement infectés. Par ailleurs, les dégâts sur chêne sont moindres que sur châtaignier. Actuellement aucun cas sur chêne n'a été rapporté en Belgique.

Risque de confusion

D'autres agents pathogènes peuvent également provoquer des chancres sur le châtaignier, comme le Coryneum modonium et Sirococcus castanae.

Ces pathogènes provoquent la formation de chancres semblables aux chancres dus à Cryphonectria parasitica. Ils ne présentent toutefois ni une teinte orangée de l'écorce, ni des fructifications (pustules orangées), ni de palmettes beiges sous le liber.

En fonction du stade de développement du chancre ou de l'absence de fructification de Cryphonectria parasitica au moment de son observation, la confusion est donc possible. L'identification de Cryphonectria parasitica nécessite donc une analyse au laboratoire.

Localisation

Le chancre du châtaignier est bien présent en Europe depuis de nombreuses années. Plus proche de nous, il est présent en France et se développe vers le Nord depuis quelques années.

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Evolution des signalements du chancre sur châtaignier (source : http://www.ephytia.inra.fr)

Il a été observé en périphérie bruxelloise en 2014 et dans la région de Mons en 2016 et 2017 où plusieurs foyers restreints d'un ou quelques arbres ont été détectés et éliminés par incinération des arbres infectés. Un foyer plus important a été identifié en Forêt Domaniale Indivise de Baudour en 2021 (voir carte ci-dessous).

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Répartition du châtaignier en forêt en Région wallon (points rouges données DNF) et des sites où le Cryphonectria a été identifié (points verts)

Lutte

L'organisme étant très peu présent sur notre territoire, les mesures à prendre sont essentiellement préventives pour éviter sa dispersion. Pour les plantations, il faut être attentif à la qualité des plants lors de leur réception et s'assurer que les plants bénéficient du passeport phytosanitaire. Si des travaux sont effectués dans des sites infectés, il faut veiller à bien se désinfecter les mains, les chaussures et les outils de coupe, qu'il s'agisse de sécateur, de scie ou de tronçonneuse (utilisation de spray désinfectant par exemple ou à la flamme pour les lames des outils). Les vêtements et gants seront lavés immédiatement après le travail.

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En sites infectés, pour autant que le nombre d'arbres touchés reste limité, ceux-ci seront abattus et brûlés sur place, et les souches seront dévitalisées pour éviter les rejets qui maintiendraient en vie la souche dont l'écorce constitue un site propice pour le champignon. Si le nombre d'arbres atteints est trop important pour envisager une incinération sur place, les arbres présentant des symptômes peuvent être abattus et évacués vers un centre d'incinération par camion bâché. Les souches seront également dévitalisées. Si l'incinération sur place ou l'évacuation par camion bâché ne sont pas envisageables, il est préférable de laisser les bois sur le lieu d'abattage. Il est déconseillé de vendre et d'évacuer le bois comme bois de chauffage, cette pratique représentant un grand risque de dispersion des spores.

Une lutte biologique contre ce pathogène est possible. Il s'agit toutefois d'une lutte qui visera à diminuer sa virulence et sa propagation mais qui ne permet pas son éradication. Celle lutte se base sur l'utilisation de souches de Cryphonectria parasitica hypovirulentes car elles sont infectées par un virus qui affaiblit le champignon, réduit la formation de spores asexuées et empêche la reproduction sexuée. Comme le champignon est affaibli, sa croissance dans l'écorce est ralentie et il ne détruit plus le cambium.

Le virus responsable de cet affaiblissement ne pouvant exister que grâce aux cellules fongiques, et donc se propager au travers d'elles pour infecter d'autres individus ou cellules de la population de Cryphonectria parasitica, ceci explique pourquoi la lutte biologique ne permet qu'un affaiblissement et non une éradication de la maladie.

Pour la mise en place de la lutte biologique, des trous sont forés dans l'écorce à la périphérie d'une zone chancreuse. La souche hypovirulente, infectée par le virus et cultivée en laboratoire, est insérée dans ces trous. Ce mode de lutte n'est pas applicable actuellement en Belgique. Il nécessite de disposer de souches hypovirulentes naturellement installées sur le territoire, l'importation n'étant pas autorisée pour des raisons de sécurité sanitaire (C. parasitica est un organisme réglementé, voir point relatif à la législation). A notre connaissance, aucune souche hypovirulente n'a été détectée en Belgique.

Législation

Cryphonectria parasitica est un Organisme Réglementé Non de Quarantaine (ORNQ ou « Regulated Non Quarantine Pests » - RNQP) selon la législation européenne. Il figure dans l'AR du 10/08/2005 relatif à la lutte contre les organismes nuisibles aux végétaux et aux produits végétaux (transposition de la Directive 2000/29/CE). Cela signifie qu'un contrôle des pépinières par l'autorité compétent est obligatoire et qu'en cas de constatation en pépinière, la notification est de rigueur.

 

Les ORNQ sont soumis à une lutte officielle entreprise sous forme de mesures phytosanitaires en vue de leur éradication dans les végétaux destinés à la plantation. C'est-à-dire que si Cryphonectria parasitica est détecté en pépinière, les plants atteints doivent être détruits. Le matériel de reproduction doit être exempt du pathogène pour être commercialisé. Dans le cas du châtaignier, les semences ne sont pas concernées, les châtaignes n'étant pas porteuses du champignon. Quant aux arbres déjà installés en forêt, ils ne font l'objet d'aucune mesure obligatoire particulière, mais uniquement de recommandations.

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